PLAYING FOR NAO
Le hasard est parfois taquin. Très souvent les réunions de négociations sont ponctuées des répétitions de la chorale, car celles-ci se déroulent dans les mêmes locaux, proches des Tours de la Défense. Or, le 17 novembre dernier, jour de la dernière réunion de négociation sur les salaires 2015, se déroulait le soir le concert « Playing for Pleyel ». Pour une fois, la bonne musique était donc à Pleyel mais nous, nous avons subi une tout autre partition lors de la négociation. Une mauvaise partition que nous avait réservée la direction, malgré les 15.000 signatures de la pétition intersyndicale sur les salaires ... Au-delà des nombreuses signatures recueillies dans l’ensemble des régions et des secteurs d’activité de la maison, la discussion avec les collègues a fait ressortir un fort mécontentement sur le sujet et sur quelques autres … L’annonce de l’attribution d’1,2 millions d’actions gratuites pour 6.082 salariés (soit environ 40 millions d’€), la suppression du PMAS (le plan annuel d’actionnariat salarié et la décote de 20% des actions SG), la baisse ces dernières années de l’intéressement-participation, l’arbitraire de la part variable, font que l’annonce de la « fin des augmentations collectives » risque d’être la pilule de trop. « Vous avez entendu Monsieur Oudéa lors de votre dernière rencontre » a dit d’entrée de jeu Jean Francois Climent pour expliquer que la direction maintenait son choix de « ne pas augmenter les salaires à partir de 2015 », ni sous forme pérenne, ni sous forme de prime. Pour la direction, à partir de cette année, le choix est clairement assumé de n’attribuer aucune mesure d’augmentation collective. Seules des mesures collectives, liées aux résultats de l’entreprise, par l’intermédiaire de la « participation-intéressement » pourraient éventuellement donner des «bonnes primes». Les mesures individuelles et les promotions continueront à récompenser les plus méritants, au bon vouloir de la direction. Pour le reste, c’est niet.
UN BALLON D’ESSAI
Ce fut l’occasion de contester à nouveau le choix politique de la direction d’individualiser les augmentations de salaires … désormais à 100%. Le directeur des relations sociales aura ramé pendant quelques minutes pour tenter de nous convaincre que c’était un mal nécessaire pour pallier à la crise de confiance des analystes financiers. Nous lui avons donc rétorqué que ce qui aura permis à la SG de survivre ces 150 dernières années aura souvent reposé sur l’investissement de son personnel. Mais l’enjeu de cette discussion dépasse la confrontation des arguments. Cette fois-ci la question est d’apporter à l’avenir un minimum d’évolution pour chaque salarié – ou pas. Nous avons vu ces dernières années, s’inverser la proportion des «augmentations collectives » et des « augmentations individuelles ». Maintenant, même ces dernières disparaissent parfois lors des changements d’affectation (poste/métier) et souvent ne servent qu’à maintenir le pouvoir d’achat, leur fréquence moyenne se réduisant aussi. Par ailleurs, les variables sont volontairement de plus en plus discriminants. Au bout d’une heure de réunion, la messe était dite. Les 5 organisations syndicales, outrées du « jusqu’au-boutisme » de la direction, n’avaient d’autre choix que de décider une journée de grève, le vendredi 5 décembre. Il faut que chacun comprenne bien que c’est malheureusement l’ultime possibilité pour mettre à mal ce virage dangereux pris par la direction. Chacun peut comprendre qu’au-delà de la question des salaires, c’est tout le pacte social qui est ainsi remis en cause. Qu'en sera-t-il des discussions sur l'avenir du réseau dans de telles conditions ? Et des évolutions structurelles ou géographiques des services centraux ?