LE TRIANGLE DES BERMUDES
Décidément, les mauvaises habitudes ont la peau dure. Alors qu’il est devenu évident pour tous que les procédures de contrôles étaient défaillantes et que la principale question est de les renforcer, les tentatives d’atténuer la responsabilité interne continuent. La CGT avait en son temps critiqué la 1ère version du rapport de l’inspection, et a publié elle-même des propositions, qui ont eu un certain retentissement, dont on attend toujours de voir ce qu’il en sera intégré dans « Fighting back », le programme de mesures qui doit tirer les leçons de l’affaire. Et voilà que parallèlement à la publication du 2nd rapport, on assiste à « l’effacement » du desk delta one, celui où travaillait Jérôme Kerviel, selon les bonnes vieilles méthodes maison. Tandis que se confirme le licenciement de certains supérieurs de JK, la SocGen a également, et opportunément, trouvé 3 lampistes supplémentaires dont « on » découvre, pur hasard, qu’ils souffrent « d’insuffisance professionnelle ». À défaut d’être complices, les traders, qui bossaient jusqu’à 13 heures par jour et 51 semaines par an sur leur desk, auraient manqué de rigueur, de vigilance et auraient fait preuve de négligence… En dépit de cette invraisemblance, la RH de SGCIB s’est chargée d’être l’exécuteur des basses œuvres. La CGT, qui a assisté les traders au cours de leur entretien préalable, a ainsi remarqué que ce manque de rigueur relevait plutôt d’une insuffisance imputable à leur direction, qui a estimé utile pour y pallier de multiplier par 2 la taille de leur guide d’instructions ! Quant à la négligence, il est paradoxal de faire ainsi l’impasse sur celle de leurs principaux responsables : ceux qui ne font l’objet d’aucune procédure de licenciement et ceux dont Anne Marion Bouchacourt, la DRH, nous avait annoncé le départ « dans les meilleures conditions financières et humaines possible » dès l’origine de l’affaire… accompagnement psychologique compris. Quand on sait que ces responsables, sur le départ ou non, sont dans la cour des bonus à 7 chiffres, on voit mal le partage de négligence. Au final, l’opération a ainsi l’avantage « d’effacer toute trace » du desk maudit, dont le nom même est désormais proscrit, et c’est probablement le but réel, pour pouvoir chanter alentours à moindres frais : « la page est tournée, on a fait le ménage ». Mais personne connaissant ce métier ne croira à autre chose que des mesures de fond restent à prendre, notamment au plan des moyens humains, encore insuffisants, sans parler des contrôles, ou de la réglementation, qui dépend des autorités. Au final, la CGT entend bien faire respecter l’engagement pris par Daniel Bouton : ce n’est pas aux salariés de la Société Générale de faire les frais de l’affaire Kerviel… les salariés, tous les salariés.
PACTE SOCIAL
Pour sa première prestation devant le CCUES le 21 mai, le nouveau DG, Frédéric Oudéa, a affirmé : « le pacte social et salarial est une valeur importante dans le cadre de cette banque universelle que je veux poursuivre » ! Une profession de foi que nous aurons l’occasion de discuter dans le détail puisqu’il va recevoir les organisations syndicales le 20 juin prochain. C’était après que Daniel Bouton soit venu donner « un signal de départ chaleureux à cette instance», et qu’il avait apprécié « la franchise des débats »…
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