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Aujourd’hui il est de bon ton de se réclamer « pragmatique » mais que signifie vraiment ce terme lorsqu’il qualifie Macon de réformateur pragmatique ou quand Valls plaidoie pour une Gauche pragmatique et réformiste ?

A première vue, est pragmatique celui qui saisit la réalité d’une situation à travers le bon sens et qui est alors gage d’efficacité. Epistémologiquement, le pragmatisme s’oppose à toute forme d'idéalisme. Cependant si l’on souhaite appréhender précisément la signification actuelle du mot, ce n’est pas du côté de l’étymologie que l’on trouvera une réponse mais il faut la chercher dans la pratique politique elle-même.

En effet, à quel moment ou dans quelle situation, un homme politique se met à se prétendre pragmatique ? Prenons comme exemples Macron et Valls, tous deux se proclament pragmatiques alors qu’ils mettent en place, de manière autoritaire, la loi Macron et celle du travail (Loi El Khomri). Rappelons qu’il a fallu pas moins de 3 articles 49.3 pour que la première passe, la seconde provoque toujours la grogne sociale d’une ampleur rare et il n’est pas dit que le gouvernement ne devra pas faire machine arrière. Un autre point commun, plus fondamental de ces deux lois est leur contenu. Un contenu que l’on peut appeler le choix du « moins » : moins d’état, moins de protection sociale. Un virage à180° par rapport aux promesses pour lesquelles le gouvernement actuel été élu en 2012 (sauf Macron qui n’a jamais été élu)

Il est donc vraisemblable qu’aujourd’hui, lorsqu’un homme politique se réclame pragmatique c’est qu’il est sur le point de mettre en œuvre des mesures contraires aux idées qu’il prétend porter. Pour Valls et Macron c’est même une évidence.

Que certains continuent à gober l’idée qu’une société doit sa survie à un homme providentiel, talentueux et pragmatique n’est pas étonnant, c’est même une constance dans l’histoire mais voir le SNB, en cette période de crise économique majeure, reprendre le même slogan politicien à son compte, cela doit susciter la question : S’agit-il d’un coup de marketing électoral vide de contenu ? ou existe-il une réelle proximité idéologique entre le SNB et nos dirigeants politiques lorsqu’ils se prétendent réformistes ?

La réponse contient sans doute un mixte des deux aspects :

Marketing ? En cette période d’élection dans les Services Centraux comme celle de la présidentielle de 2017, chacun veut paraître moderniste en surfant sur ce nouveau mot d’ordre vide de sens mais surmédiatisé. De plus, au sein de la SG, Il permet à peu de frais, de dénigrer la CGT qui construit depuis toujours, sa ligne de conduite à partir des revendications des salariés et qui est régulièrement accusée de rétrograde, ou non-progressiste pour ses méthodes.

Proximité idéologique ? Une fois de plus, la réponse viendra non pas du côté des discours mais du côté des faits :

-       Lors de la mise en place du projet d’externalisation des back office OPER vers Accenture(MIKADO, 2013) l’organe dirigeant du SNB était venu, en compagnie des managers d’Accenture, vendre l’aventure aux salariés d’OPER et les pousser vers la sortie de la SG. On ne connait pas le nombre de personnes qui ont fait confianceau SNB à l’époque, mais ellesont de bonnes raisons delui en vouloir aujourd’hui car le projet Mikado n’a jamais atteint ses objectifs et le décommissionnementdes outils de gestion de la SG a été totalement gelé.

-       L'appel à la grève nationale du 5 décembre 2014 avait été lancé par les 5 organisations syndicales de la SG (CGT, CFTC, CFDT, SNB, FO) qui réclamaientune augmentation salariale de 2 % et une prime de 750 euros pour l'ensemble des salariés, tout en dénonçant l'absence d'augmentation collective générale, qui courait depuis trois ans. Le mouvement a été bien suivi avec plus de 12% des salariés du réseau et 10% des agences fermées. Malgré la mobilisation des salariés, la Direction refuse d’écouter leurs revendications. Elle fait pression sur les syndicats dits d’accompagnement. Le17 décembre, le SNB et la CFTC validaient en signant le texte de la direction.

En tant que slogans, les termes pragmatique et progressiste appellent plus à une adhésion qu’à donner un sens. Pour notre compréhension, il est peut être utile de les redéfinir : Progressiste comme l’intérêt économique avant tout ! Et Pragmatisme comme le devoir de s’aligner sur la position du pouvoir quand celui-ci l’ordonne.