C'est en Estonie (26,9%) que l'écart des salaires entre hommes et femmes est le plus large, et en Italie (5,5%) qu'il est le plus mince. La France se situe dans la moyenne.
Le constat est clair: dans l'Union européenne (UE), les femmes gagnent 16,3% de moins que les hommes. Eurostat, le service de statistiques de l'UE, publie ce mercredi une très riche étude (en ligne, en anglais) sur les différences hommes-femmes en matière de rémunération, de carrière, mais aussi de consommation et de mode de vie.
28% d'écart de salaire pour les managers
Cet écart de rémunération cache bien sûr de très fortes disparités selon les pays. Attention, prévient Eurostat, ces chiffres ne comparent pas des salaires à diplômes et postes équivalents mais simplement les salaires horaires des hommes à ceux des femmes. Une partie des différences peut s'expliquer par «des caractéristiques individuelles», note l'étude, «tels que l'expérience et le niveau d'éducation», et par le fait que l'on compte plus d'hommes dans les secteurs et professions les mieux payés. Les écarts de revenus sont donc liés «à des facteurs culturels, juridiques, sociaux et économiques qui dépassent largement la seule question du «à travail égal, salaire égal»».
Dans le détail, c'est en Estonie (26,9%), en République tchèque (22,5%) et en Allemagne (22%) que les écarts de salaires horaires sont les plus grands. Les différences sont les plus petites en Italie (5,5%), Roumanie (5,8%) et Belgique (6,5%). Avec 15,8%, la France se situe proche de la moyenne. Tous les chiffres de l'étude portent sur l'année 2015. On observe que dans l'Hexagone, l'écart s'est légèrement creusé par rapport à 2014 (15,5%).
Si l'on regarde par grands secteurs, un Européen «manager» gagne en moyenne 31,96€ par heure, contre 22,82€ pour une femme manager, soit 28% de moins. Pour les ouvriers en usine, l'écart absolu est, en bonne logique, moindre (11,49€ pour les hommes, 8,46€ pour les femmes) mais reste du même ordre de grandeur en pourcentage: 26%.
Au Luxembourg, moins d'un cadre sur cinq est une femme
L'écart moyen des rémunérations s'explique en partie parce que les hommes occupent la majorité des postes de dirigeants et de cadres. A l'échelle européenne un tiers des managers seulement sont des femmes, comme en France. Mais d'un pays à l'autre, le tableau varie grandement: c'est en Lettonie, en Pologne et en Slovénie que les femmes sont les plus nombreuses à occuper les postes de managers (47%, 41% et 41% respectivement). Au Luxembourg, en République tchèque et aux Pays-Bas, les managers au féminin ne représentent que 18%, 25% et 25% de l'ensemble, respectivement.
Les Hollandaises, championnes du temps partiel
La proportion de femmes et d'hommes qui travaillent à temps partiel reflète d'importantes différences culturelles. Ainsi, 31,9% des Européennes n'occupent pas un emploi à plein temps. Mais aux Pays-Bas, plus de trois femmes sur quatre (76,4%) et un homme sur quatre (26,2%) sont à temps partiel. En Allemagne où les mères de famille sont souvent contraintes de s'occuper de leurs enfants en bas âge faute de modes de garde, près d'une femme sur deux (46,4%) travaille à temps partiel. La proportion en France est de 29,8%. C'est en Bulgarie et en Hongrie (2,2% et 6,8% respectivement) que le temps partiel est le plus rare pour les femmes, comme pour les hommes d'ailleurs.