A l’heure où les dirigeants du CAC mènent la guerre au salaire, la direction des ressource humaine se retrouve en première ligne et doit faire face une défiance croissante des salariés qui en ont assez de sa brutalité : licenciements sans motif, ranking forcé. A la Société Générale, nous avions bien connu ces mesures arbitraires avec la fameuse courbe de Gauss qui impose un nombre minimum de salariés à flinguer lors des évaluations et fournir ainsi le motif de licenciement au plan Roméo. Cette pratique est même dénoncée par des gestionnaire RH comme Didier Bille qui a été pendant, vingt-deux ans, directeur des ressources humaines pour des multinationales et auteur de DRH, La machine à broyer. Il a également témoigné dans "Envoyé spécial" diffusé le 8 mars 2018 et dans Paris Match (15 au 21 mars) des redoutables méthodes qu’il a employées pour mettre la pression aux salariés et les licencier en quinze minutes sur un coin de bureau, parfois sans aucun motif.
La contestation ne se contente pas de critiquer les « méthodes brutales » de la DRH mais elle s’étend à sa fonction même de la DRH et cette nouvelle critique est menée par deux types d’acteurs qu’on ne soupçonne pas de prime abord. Les premiers sont issus des laboratoires des méthodes managériales des grands cabinets de conseil et les seconds du mirage de la technologie.
Selon Isaac Getz le fondateur du concept d’Entreprise Libérée* (entreprise horizontale qui s’affranchit de la structure hiérarchique traditionnelle, Managers et RH) et son importateur en France Jean François Zobrist, la DRH serait devenue inutile ou pire, elle serait cause de rigidité organisationnelle. Cette attaque en bonne et due forme est dénoncée par un collectif d’experts en management ressource humaine sous la plume de l’un des leurs François Gueuze.
La deuxième attaque est venue de l’univers Big Data avec les mastodons comme IBM, Oracle, Microsoft, Google, qui proposent des solutions « prédictives » qui assistent les gestionnaires RH et peut être même les remplacer un jour. Pour l’heure, les grosses firmes avouent que leurs logiciels ne sont pas tout à fait au point, mais dans un avenir proche qui sait ?
* En2017, DFIN/DOM/PTP, Serge POUHER introduit en douce, sans passer par les IRP, en mode d’entreprise libérée. Face au chaos sans nom qui s’est produit, la CGT est intervenue en CE et CHSCT pour interrompre l’expérience. Après plusieurs semaines de discussion, Philippe HEIM a finalement pris acte et mis fin à cette épisode.