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AMBITION TRIPLE ZÉRO

Nous demandions à la direction de venir exposer une stratégie à moyen terme, et nous avons entendu un laborieux plaidoyer d’adaptation à une récession inéluctable. Michel Péretié, le patron de SGCIB, est venu s’expliquer sous la pression syndicale. Pour lui, la récession en 2012, la dégradation des États et banques européens, la généralisation du modèle financier US ne font aucun doute. Exit le modèle de banque universelle, alors même que les banques françaises sont des quelques unes qui comptent en Europe. Les implications seraient catastrophiques pour toute la banque, dont une bonne part de l’activité avec les grandes entreprises est structurée autour de ce modèle. Ce n’est pas que l’affaire de SGCIB. Qui croira que les relations avec EADS, grand client de la DEC de Toulouse et de Paris rive gauche, seraient maintenues intactes si la décision d’arrêter le financement de la construction aéronautique est mise en application ? Michel Péretié a bien réservé la position sur les entreprises françaises, mais cela n’empêche pas que les portefeuilles soient déjà sur le marché. Les objections de la CGT balayées pour cause de Bâle 3, comme si cette activité ne pouvait être maintenue au moins tant que ces normes ne soient fixées et applicables. C’est dit, nous n’irons pas chercher des dollars à la BCE, même à 0,59%, genre moi je ne vais pas aux restos du cœur ! Ce scénario schizophrénique vaut pour la dette souveraine, particulièrement celle de l’État français. Que fera la SocGen quand la France sera dégradée, elle se délestera comme pour la dette grecque ? Solder les bijoux de famille, ça ne fait pas une ambition 2015. Ce matin-là, Anne Marion Bouchacourt a répété que les suppressions d’emplois se discutaient jusqu’à Noël, sacré père Noël !

NOUVELLES DU FRONT

Le succès des débrayages initiés par l’intersyndicale mérite d’être souligné. De nombreuses agences ont été fermées, avec une mention spéciale pour la ville de Lyon. Sur le parvis de la Défense, les syndicats ont réussi une grande première, les participants, plus de 300, étaient plus nombreux que pour les manifestations organisées par la COM, et ce n’est qu’un début. Côté directions, on a fait profil bas, conscients peut-être que ces débrayages pourraient marquer une rupture dangereuse. Relevée par la presse, la procédure de divorce est entamée, et il reste peu de temps pour parvenir à une conciliation.

LE SENS DES MOTS

Autre sujet sur la table, les évaluations et la méthode d’élimination des « low performers » par quotas. La rencontre a permis d’obtenir une réunion syndicats – DRHG le 13 pour établir si, oui ou non, des quotas ont été pratiqués chez SGCIB. Elle a aussi permis d’acter que les évaluations ne doivent pas servir à déterminer chaque année un quota de low performers à virer. Aussi bien Anne Marion Bouchacourt que Michel Péretié en sont convenus, ce dernier affirmant même son accord avec nous : je ne veux pas d’une politique eugéniste que j’ai déjà connue par ailleurs… La CGT a souligné l’urgence à rétablir la confiance, car le climat délétère que ces méthodes ont généré va bien au-delà de ce qu’il croit être une anxiété due aux incertitudes. Il n’avait pas remarqué depuis Londres que les meilleurs aussi pouvaient avoir envie de mettre les voiles.

 

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