L’HEURE DU CHOIX
L’ouverture des négociations salariales annuelles à la Société Générale a un mérite, elle va contraindre la nouvelle direction générale, et particulièrement Frédéric Oudéa, à choisir son camp. Depuis l’affaire Kerviel et la crise bancaire, la direction qui s’est mise en place a beaucoup parlé « aux marchés » et « aux investisseurs », leur promettant un retour à bonne fortune au plus vite… au point que, et c’est une première, le Président annonce un résultat de 6 milliards pour bientôt, un résultat d’avant la crise ! Et le conseil d’administration en redemande. Alors, on lui promet qu’on va mieux rémunérer « les performances individuelles » de telle sorte que la productivité s’en porte mieux. L’attention s’étant focalisée sur le sort de la banque elle-même, la direction a pu ainsi en 3 années, commencer à mettre en œuvre une stratégie à contre courant des années qui précédaient et qui avaient permis de revaloriser les salaires de base dans la rémunération globale. C’est ainsi que les rémunérations variables, hors bonus, ont progressé de 10,4 millions d’euros en 2010, autant que l’impact les mesures proposées pour l’accord salarial 2011, pour un montant total de plus de 90 millions, qui atteint maintenant le niveau de l’intéressement et de la participation. On comprend l’embarras du directeur des relations sociales, venu présenter la proposition pour 2011 : 0,7% avec un plancher de 250€. Le conseil d’administration et son Président aurait pu l’envoyer « négocier » un accord pareil avec un panneau «FDG », c’eut été pareil. Manque de chance, le scenario des « années de crise » est terminé, et il n’a trouvé aucun preneur pour en discuter, même pas pour participer à des rencontres « bilatérales », c’est-à-dire chaque syndicat séparément, avec Anne Marion Bouchacourt, la DRH du groupe. Au contraire, les organisations syndicales lui ont adressé une lettre pour demander à être reçues ensemble, afin de lui exposer leur volonté d’être prises au sérieux par la direction générale. Il s’agit de démontrer le bien fondé de ses déclarations sur l’esprit d’équipe, la cohésion du groupe, le pacte social. La première des choses à faire est de consacrer les moyens nécessaires à la négociation salariale avec les « partenaires sociaux », si on veut qu’ils soient des partenaires. Reconnaitre le travail, ça ne se fait pas en distribuant des prébendes à la tête du client, contrairement à ce que pensent ces messieurs du conseil. Il va donc falloir faire un choix entre ceux qui croient diriger le groupe et ceux qui le font. La réponse sera connue d’ici la prochaine réunion de négociation du 26.
ON RASE GRATIS
L’idée était séduisante, tellement séduisante que tous les syndicats ont signé le principe d’une répartition uniforme d’une attribution d’actions gratuites à tout le personnel du groupe. La loi exige en effet qu’un accord signé avec les organisations syndicales entérine le mode de répartition. L’idée donc que chacun compte pour un et contribue à part égale à l’existence même du groupe est séduisante, et nous avons signé pour en acter le caractère positif. Malheureusement, c’est le conseil d’administration qui en a fixé les conditions sur proposition de Frédéric Oudéa et qui en a fait un ersatz falot censé mieux nous motiver ! L’attribution des 40 actions, en 2012, sera soumise à une condition de résultat supérieur à 10% de ROE, et à une condition d’indice de satisfaction clientèle ! Pour faire bonne mesure, au sens propre, c’est encore un « consultant » extérieur qui va venir se faire un paquet de fric en se chargeant de la besogne pour le compte du conseil d’administration, car évidemment, celui-ci a besoin d’expertise indépendante pour savoir si nous faisons progresser la satisfaction de nos clients. On en rigolerait presque si on ne croulait pas sous la charge… C’est ainsi que Fred a réussi à transformer une bonne idée en un machin qui fera ricaner ceux qui bénéficient d’attributions gratuites en bien plus grandes quantités, et qui énervera tous les autres.
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