MEURTRES ET CIE
Fréderic Oudéa a reçu les représentants nationaux le 7 avril pour un entretien de 2 heures, le plus long depuis son arrivée à la DG. Bien que tardif, l’entretien aurait dû se tenir au début de l’année, le DG avait manifestement besoin de s’expliquer sur sa stratégie afin d’éviter d’ouvrir « un front » supplémentaire avec le personnel, même s’il a souligné que l’agitation médiatique de ces derniers temps restait très française. Sa vision de la situation économique est sombre. La situation est donc source d’incertitude pour les banques dans les 3 prochaines années, car le système est convalescent, et « il peut y avoir encore des mauvaises nouvelles ». Dans un tel contexte, un ensemble des métiers de la Société Générale souffrent. Sa stratégie est de saisir « l’opportunité formidable » des 3 prochaines années, car selon lui, la Société Générale est l’une des rares banques à avoir conservé sa crédibilité, et de citer l’exemple d’une grande entreprise nouvellement cliente. La CGT a opposé la volonté du conseil d’administration de viser au plus vite un ROE de 15% dans un environnement où le PIB recule, en soulignant que nous lui demandions de choisir entre les exigences de rentabilité du conseil, et le respect du « pacte social ». Il a ajouté qu’en toute hypothèse, les marchés n’en attendaient pas moins et que ce serait nous fragiliser que de ne pas leur en promettre autant : c ‘est selon lui « un objectif réalisable » ! Malgré la disparition de SGAM, il tient cependant à affirmer à propos des rumeurs nombreuses, « je n’ai pas été nommé pour vendre ». Il affirme « je ne suis pas dans la logique d’abandonner les métiers titres », en réponse aux bruits de nouveaux rapprochements avec le Crédit Agricole. Concernant SGCIB, l’orientation est de réduire les risques et le trading pour compte propre, et gagner de nouveaux clients. Plus tard, il précise suite à notre intervention que les moyens de SGCIB vont être redéployés, et que cela suppose des efforts de reclassement. Concernant le « Plan d’Efficacité Opérationnelle », Frédéric Oudéa insiste sur la nécessité de parer « à la stratégie agressive des mutualistes et de la Banque postale » en réduisant les coûts de production : « on ne peut pas ne pas mutualiser » les ressources du groupe, « il faut continuer à faire des gains de productivité ». Sur l’affaire des stock-options, Frédéric Oudéa tente de se justifier, les dirigeants des banques sont des boucs émissaires commodes pour les politiques, et d’ailleurs, les banques françaises ne coûteront rien aux contribuables, ce que tout le monde savait autour de la table. Il est « meurtri » et proteste « ce n’est pas ma motivation ». Étonnant qu’il ne remarque pas la contradiction avec ce qu’il dit plus tard : « c’est une bonne idée que les dirigeants aient une rémunération conditionnée par la performance ». Pour quoi faire si elle ne le motive pas ? Dans un mauvais climat social, la CGT était venue proposer des réponses claires et des gestes forts. Force est de constater que les gestes concrets ont été les grands absents.: aussi bien sur l’emploi, car aucun engagement autre que « le principe de reclassement » n’a été pris, que sur les conditions d’emploi, la course à la productivité étant justifiée par le retour rapide aux 15% « voulus par les marchés », et enfin aussi sur la question des rémunérations, tant du point de vue de la part du personnel que de celui de la répartition entre les « gros salaires » et … les autres ! Le compte-rendu complet est sur le site intranet CGT.
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