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BRATISLA BOYS

Que le président de la Société Générale reçoive les 5 délégués syndicaux nationaux n’est jamais anodin, d’autant plus que ce n’est pas fréquent. L’entrevue se tenant le 9 mai, veille de conseil d’administration, on ne pouvait manquer de s’interroger ainsi que nous l’avions déjà souligné dans nos infos à propos de la rumeur de rapprochement avec Unicredit. La question centrale que tous s’apprêtaient à poser concernait donc à l’évidence l’avenir du groupe, ce qui a donné l’occasion à Daniel Bouton de préciser sa vision tout en lui permettant de tester nos réactions… Bien sûr, il a pris les habituelles précautions de langage d’usage : l’entrevue n’avait pas de signification particulière, ce qui ne l’a nullement empêché de dérouler une réflexion qui en a une, évidente. Ainsi, la Société Générale est une très grande banque qui affiche les meilleures performances propres à satisfaire ses actionnaires. Son modèle de développement pose toutefois le problème d’un besoin important de fonds propres, tant pour l’activité de banque de détail centrée sur la distribution de prêts que pour les acquisitions. Ainsi, la banque de détail à l’étranger a atteint aujourd’hui le même niveau que l’activité France, et l’objectif est de poursuivre dans les « anciens empires russe et austro-hongrois » ; d’où de nouvelles acquisitions que les augmentations de capital ne peuvent suffire à financer. Le conseil d’administration aura donc à se prononcer « en temps utile » sur une parmi « plusieurs types de combinaisons » auxquelles permet de faire face « notre business model ». Daniel Bouton les a précisément listées, indiquant que les discussions bilatérales ont lieu entre toutes les banques en Europe. Ce raisonnement ne laisse planer aucun doute sur sa certitude qu’un rapprochement est inéluctable, les seules questions étant avec qui, quand et… quelle sera la réaction du personnel ! Sur la question Qui ? parmi les 8, Unicredit est un prétendant pour un rapprochement « intelligent » qui constituerait un groupe européen de 250.000 salariés, n° 1 dans les « anciens empires », apte à tenir la dragée haute aux géants qui sont en Chine aujourd’hui et aux Indes demain. Sur la question Quand ?, la réponse est « en temps utile » dans un compte à rebours qui a commencé. Sa durée sera bien sûr influencée par des facteurs multiples, parmi lesquels le facteur humain. Car il semble bien que pour des raisons de commodités, le rapprochement passe par une OPE, et que c’est la Société Générale qui en serait l’objet. Dans ces conditions, Daniel Bouton avait tout intérêt, par expérience, à observer nos réactions, le souvenir du rôle que nous avons joué en 99 étant encore très présent. D’ailleurs, BNP Paribas ne figure pas dans la « short list ». Y-a-t-il donc un rapprochement « acceptable » ? La réponse est loin d’être simple, tant les questions sont multiples : de notre capacité à peser sur le cours de l’évènement aux conséquences de nos choix. On ne peut oublier ce qui pousse à ce Monopoly, la recherche perpétuelle de la « création de valeur » et s’interroger sur sa légitimité, car il ne faudrait pas que la nouvelle campagne de Russie des Bratisla boys (Bouton, Citerne et Alix) ne s’achève dans une autre Bérézina. Cette « création de valeur » là est synonyme de suppressions d’emplois. Un rapprochement à l’échelle de l’Europe peut-il être au contraire un moyen de les préserver et les développer, c’est tout l’objet du débat qui s’engage.

 

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