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ANNIVERSAIRE

60 ans plus tard, l’anniversaire de la libération de Paris est l’occasion  de cérémonies qui rassembleront les rescapés de l’époque… et dans lesquelles on ne trouvera pas de représentant des directions des banques. Sur cette période, la presse d’entreprise passe rapidement. Dans sa livraison de Juillet 2004, Sogechos baptise cela « des temps difficiles »… Il faut dire que l’héritage n’est pas reluisant. Henri Ardant était PDG, une fonction créée par l’état vichyssois et président du comité des banques. Destitué à la libération, il séjourna une petite année à Fresnes. Comme l’écrit élégamment par ailleurs le rédacteur de l’histoire du Crédit Mutuel où Henri Ardant se recasa, « il connut une certaine disgrâce après la guerre » ! L’homme avait pourtant toujours gardé une issue de secours, prenant soin de recevoir dans son bureau les responsables de la fédération CGT des employés : Albert Gazier qui part à Londres en Septembre 43, René Boulanger arrêté et torturé à mort par la Gestapo en avril 44, et Alfred Lemaire qui fut déporté et ne revint pas. Alors que du côté du Crédit Lyonnais, les chercheurs s’accordent à noter que le travail de mémoire a commencé avec la publication d’une première étude sur le sujet… la Société Générale jette toujours un voile pudique. Il faut se reporter au travail de Claire Andrieu paru en 1990 sous le titre « la banque sous l’occupation » pour en savoir un peu plus sur ce maréchaliste de la première heure, nationaliste et catholique façon Opus Dei, ouvertement antisémite. Les témoins de la défense d’Henri Ardant à la libération furent Maurice Lorain, son directeur général sous l’occupation et Gaston Teissier, secrétaire général de la CFTC en 1926 puis directeur général à la Société Générale en 1935 ! A chacun son histoire, le secrétaire général du syndicat CGT illégal de la Société Générale, Jean Cancé, était membre du comité parisien de libération et il était sur les barricades le 19 août 44 rue David d’Angers. Gaby Chanteloup, secrétaire du syndicat à la libération nous racontait au 50

ème anniversaire : « j’ai fait partie de la commission d’épuration, mais tout ça n’a pas servi à grand-chose, s’il avait fallu épurer les directions des banques, il ne serait plus resté grand monde ! »… Et Maurice Lorain accèdera à la présidence de la Société Générale en 1958…

SUMMUM JUS, SUMMA INJURIA

… C’est probablement ainsi qu’il faut interpréter la décision du tribunal correctionnel de Boulogne sur Mer : au regard de la loi Sarkozy les militants associatifs qui ont hébergé des clandestins sont coupables, mais au regard des juges la loi est injuste et les coupables doivent être exemptés de la peine qu’ils encourraient. La décision intervient la même semaine où l’on assista à la –résistible- ascension de l’auteur de la loi ci-dessus évoquée : illustration de l’ambiguïté du discours et du hiatus avec la réalité sociale. Il en va de l’humanitaire comme du social, le cynisme libéral a bien du mal à s’imposer dans les idées et dans les faits. La rentrée qui s’approche sera ainsi, dans la société et dans l’entreprise. Comme un symbole, la première réunion de négociation, le 8 septembre, porte sur « la journée de solidarité »… vous savez, ce jour où nous sommes censés travailler pendant 7 heures pour protéger nos anciens de la canicule...