LE FOND DE L’AIR EST FRAIS !
L’affaire du renouvellement de l’accord sur l’épargne salariale prend un tour compliqué pour la direction de la Société Générale. Echaudée par le redressement fiscal de 2000 ayant entraîné un rappel de versement important sur la participation, elle a voulu saisir l’occasion de la renégociation de l’accord pour se prémunir en trouvant une méthode qui fixe une sorte de plafond. Après l’échec de la première tentative, elle a subi l’échec de la seconde lors de la réunion du 21 mai. Cette fois-ci, le risque pour elle n’est pas négligeable de ne trouver aucun candidat pour signer. Il faut dire qu’à force de faire grimper le PNB et le ROE, ce qui avait été conçu comme un dérivatif a pris une certaine importance de telle sorte qu’un véritable paradoxe est apparu : la participation et l’intéressement deviennent une part non négligeable des résultats qui est redistribuée aux salariés… dans le même temps où c’est l’appétit des actionnaires et de la bourse qui pousse à plus de " retour sur investissement ". On imagine sans peine que la redistribution aux salariés d’une part du gâteau fait grincer des dents du côté des chantres de la modération des coûts salariaux ! Rappelons qu’un premier correctif fut déjà apporté par la modification de la formule de calcul lors de précédentes renégociations … A cela s’ajoute un grave défaut de la participation et de l’intéressement aux yeux de nos patrons, c’est son caractère collectif et finalement assez contraignant. Les règles légales obligent par exemple à choisir seulement entre 3 formules de distribution : proportionnelle à l’ancienneté, au salaire ou égale pour tous… ou à un panachage. Impossible par exemple de faire régner l’arbitraire comme en matière de complément variable ! Pour compliquer un peu plus la mission impossible des négociateurs de la DRH, le climat général ne va pas vraiment dans le sens proposé. La loi Fabius vise précisément à l’extension des systèmes de participation et d’intéressement, notamment par la création des fonds d’épargne interentreprises. Et voilà que les confédérations syndicales s’en mêlent en décidant de créer un comité intersyndical dans lequel siègent les représentants CFDT, CFTC,CGC et CGT. Le rôle de ce comité consiste à attribuer un label à ces fonds en tenant compte de critères sociaux entre-autres. Une condition sine qua non pour obtenir ce label consiste à prévoir la mise en place d’un conseil de surveillance majoritairement constitué de salariés et présidé par un de leurs représentants … une condition que ne remplit justement pas le conseil de surveillance du fonds E ! Ce qui n’a d’ailleurs pas empêché SGAM, premier gestionnaire de l’épargne salariale sur le marché, de concourir pour obtenir le label. Voilà donc la direction enfermée dans un dilemme qui n’a rien de cornélien. Dans un tel contexte, il est tout à fait inimaginable que la Société Générale n’ai pas d’accord d’entreprise de participation et d’intéressement… et la direction devra bien finir par formuler une proposition acceptable. Pour parvenir à un texte qui respecte au moins les critères de représentation fixés par le comité intersyndical et qui, finalement, aboutisse à distribuer aux salariés la juste part de résultats qui se situent à de très hauts niveaux, il suffit simplement d’attendre et de tabler sur l’unité syndicale plutôt que sur la concurrence.
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