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LA GRANDE LESSIVE

Le premier ministre   est venu prononcer un discours devant le comité national de l’euro le 11 mai faisant part de la volonté des pouvoirs publics de disposer d’un maximum de points d’échange francs – euros, et de faciliter ces échanges quelque soit leur montant. Le problème est que les moyens ne suivent pas. Il devra être mis en circulation à peu près autant d’euros qu’il devra rentrer de francs, 300 milliards. Lors de la rencontre entre les fédérations syndicales de la profession et le ministère de l’intérieur, le directeur de la police nationale a exposé un " plan sécurité ", depuis largement divulgué par la presse, dont il ressort que les moyens de protection exceptionnels dégagés seront utilisés pour des escortes jusqu’au transfert des fonds dans les centres forts mis en place par les sociétés de convoyage. Après, plus rien, le ministère nous a proposé comme principal moyen de sécurité le " trouyotage " des francs  et la réunion des commissions départementales de sécurité sous l’autorité des préfets, mais dont le rôle se limite aux transferts. Les policiers étant déjà surchargés, il ne faut donc pas en attendre devant les agences pour assurer la protection. Les fédérations ont donc décidé d’écrire à Laurent FABIUS, chargé de la question, pour lui demander de renoncer à demander aux banques de distribuer de l’euro comme des petits pains… Autre forte question posée au ministre, celle du grand lessivage, puisque l’exonération de responsabilité pénale est limitée aux échanges égaux ou inférieurs à 10 000 euros. Or il y a grand risque qu’une bonne part de l’argent qui va sortir, pour les gros montants, vienne de " bons clients " qui ont mis à l’abri du fisc un magot. On sait d’avance que l’intérêt clientèle pèsera lourd mais que dans les années qui suivront, si un contrôle fiscal ou une enquête judiciaire surviennent,  celui qui a échangé le magot sera inquiété, ou même accusé. C’est dans ce nouveau contexte que l’ultime réunion de négociation s’est tenue le 23 à l’AFB. De Massy, président de la commission, a expliqué que le temps presse pour conclure un accord de branche qui devra être décliné dans les entreprises afin d’être prêts le 1er septembre, date du début des transports de pièces. Célérité n’est pas précipitation, lui avons nous répondu, en exigeant désormais que le change soit limité aux agences sécurisées, que l’invalidation des billets soit immédiate et que les salariés de la profession soient protégés du risque d’erreur et du risque pénal. Un long débat a suivi au cours duquel nous avons obtenu des garanties importantes sur ces questions, par exemple par la prise de rendez-vous pour l’échange de gros montants qui devront se faire dans les agences, lesquelles devront être obligatoirement sécurisées, ou encore par l’obligation de " trouyoter " dès la restitution des francs. Notre pression a également fait pencher les banques vers la limitation des échanges à 2000 fr. pour les non – clients, entre le 1er janvier et le 17 février, sachant que 60 % des DAB basculeront dans la nuit du 31 décembre et que la quasi totalité distribueront des euros le 4 janvier. Le texte prévoit également qu’un salarié ne pourra être sanctionné pour cause d’erreur, tandis que la question de la responsabilité pénale doit faire l’objet d’une nouvelle formulation plus protectrice. Hormis les problèmes de sécurité, qui feront  l’objet d’un nouveau point en septembre, le texte porte aussi sur la charge de travail, des procédures de dérogations simplifiées et leurs contreparties. La période dérogatoire s’étend du 1er septembre et le 31 mars. Le travail du dimanche restera interdit dans les agences, et il sera fait appel au volontariat pour les heures supplémentaires et le travail du week-end. Nous avons imposé une formule qui devrait permettre le versement des contreparties par les sous-traitants à leur personnel et nous veillerons à ce que le décret autorisant les dérogations du travail le prévoit. Nous avons également demandé que les renforts de CDD prévus anticipent les recrutements pour en transformer le maximum en CDI. Un dernier projet sera remis aux fédérations pour signature le 7 juin, si les ultimes demandes syndicales ont été suffisamment entendues.

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