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La succession - 19 Mai 2022


 

Mardi 17 mai après-midi, c’était jour d’Assemblée générale des actionnaires pour la SG. Elle a été dans l’ensemble très calme. Mais Frédéric Oudéa a réussi à réveiller un peu l’assistance en annonçant qu’il ne solliciterait pas le renouvellement de son mandat d’administrateur en mai 2023 et quitterait donc alors son  poste de Directeur général de la banque qu’il occupe depuis 2008. 15 ans. Une annonce aussi inattendue méritait bien quelques explications et nous avions donc rendez-vous avec lui mercredi en fin de matinée pour en savoir un peu plus non seulement sur les motivations de sa décision mais aussi sur la période de transition qui vient de s’ouvrir. 

Commençons par les motivations. Dans la lignée de sa présentation en AG, Frédéric Oudéa estime avoir terminé la réorientation stratégique qu’il souhaitait mettre en œuvre autour des trois pôles que sont la banque de détail (avec d’une part le chantier SG/CDN qui doit être finalisé au printemps 2023 et d’autre part l’acquisition des activités françaises d’ING), la BFI (dont le rééquilibrage serait achevé) et le nouveau pôle Mobilité autour d’ALD/LeasePlan. Il a ajouté que l’agression russe en Ukraine et ses multiples retombées ouvraient un nouveau cycle long pour le monde et qu’il fallait donc que le Groupe se dote d’un Directeur général qui pourra s’inscrire dans une durée de 10-15 ans tout comme il l’a fait, lui, depuis 2008. A 60 ans en 2023, il ne lui semble pas qu’il soit encore suffisamment jeune pour se projeter ainsi et il lui paraît correct d’annoncer son futur départ alors que le Groupe « n’a jamais été en meilleure posture depuis 15 ans ». Comme il serait surprenant que notre DG soit un chaud partisan de la retraite à 60 ans, il est probable qu’il aura d’autres projets pour la suite. Pêche ou pétanque ? Nous n’avons pas eu d’indication sur le sujet. Ce qui est certain, c’est qu’il a souligné qu’il continuerait à être à la barre au cours des douze prochains mois afin d’assurer l’avancement des projets en cours. 

Mais alors pourquoi annoncer son départ avec autant d’anticipation et de façon aussi soudaine ? Pour Frédéric Oudéa, la surprise était inévitable : une telle décision n’est pas de celles qui se prêtent à une communication par étapes. Il a préféré annoncer son départ en amont du processus de sélection de son successeur afin que celui-là ne soit pas parasité par d’éventuelles rumeurs et que la feuille de route soit clairement tracée. En l’occurrence, l’idée est que son remplaçant soit identifié et annoncé d’ici six mois. Cela permettrait ensuite une transition progressive d’une durée équivalente. Et justement, quel profil serait ciblé pour prendre la barre en 2023 ? Tout en soulignant que ce choix reviendrait au Conseil d’administration, Frédéric Oudéa a insisté sur la qualité de l’équipe dirigeante en place et sa connaissance intime de l’entreprise, aussi bien du côté business que de sa culture en général. Il penche donc pour un choix en interne même si le processus ne fermera aucune option. Il estime aussi que, pour s’inscrire dans le temps long, ce nouveau DG devrait représenter une nouvelle génération âgée d’environ 45/50 ans. A vous maintenant de vous faire une idée des candidats potentiels. 

Si cet exposé des motifs et des modalités du départ programmé de Frédéric Oudéa semble de prime abord solide et cohérent, il n’en est pas moins riche en incertitudes et en dangers. Nous avons, pour notre part, insisté sur le maintien du pacte social interne qui a notamment permis d’exclure tout départ contraint lors des vagues de restructurations successives. Nous en avons également souligné les limites en matière de rémunération, qui se font particulièrement sentir en cette période d’inflation soutenue et certainement partie pour durer. La réponse du DG nous a permis de constater qu’il n’avait en effet pas lâché la barre : dans la droite ligne de ce que nous avons connu ces dernières années, il nous a répondu que les temps étaient difficiles et que par conséquent il insisterait toujours sur la maîtrise des coûts. S’il y a bien une chose à espérer de son successeur, c’est qu’il ne paie pas les salariés seulement de belles paroles ! Un autre point d’interrogation est le maintien de la cohésion de l’équipe de direction alors que s’ouvre une succession qui va sans doute aiguiser les ambitions en haut lieu. Frédéric Oudéa se dit persuadé que l’engagement de ses actuels membres de la DG sera sans faille. Espérons surtout que cela n’ajoute pas des turbulences dans une période qui n’en est déjà pas dépourvue et que ce ne soient pas les salariés qui en paient le prix. 

En attendant, Frédéric Oudéa reste optimiste. Il souhaite terminer son mandat en laissant l’entreprise taillée pour relever les défis des 10/15 prochaines années. Nous le souhaitons également, avec cependant une nette amélioration du côté social. Le dialogue ne fait pas tout : il faut aussi du concret, que ce soit dans les conditions de travail ou sur les feuilles de paie. 

Voir Aussi : la réunion plénière du CSEC avec Frédéric Oudéa ( le 12 Mai 2022)  - Le communiqué de presse sur la cession de la Rosbank (19 mai 2022) 

moonciao