Le 23 septembre, nous avions demandé à la Direction Générale lors de la présentation du projet d’être reçus pendant l’étude sur le rapprochement avec le Crédit du Nord (qui devait durer 2 mois), avant que la décision ne soit prise et validée par le Conseil d’Administration. Bien sûr, il aura fallu insister un peu, mais l’engagement aura finalement été tenu - in extremis - par Sébastien Proto qui a donc reçu les délégués nationaux des organisations syndicales représentatives. L’occasion pour la CGT de renouveler les craintes liées au projet, mais aussi l’angoisse et la colère qu’il peut générer. Ce fut surtout l’occasion de débattre des enjeux d’un tel projet, dans le contexte économique, sanitaire et social que nous connaissons tous.
Des éléments de vision :
Pour Sébastien Proto, «l’environnement va être plus difficile» et «ce n’est pas un effet de style» d’après lui. La pression sur les revenus va continuer (notre marge nette d’intérêt correspond à 53% de notre PNB). La pression concurrentielle des néo banques, des fintech et des mutualistes est devenue une réalité tangible qui va s’accélérer. « Les néo-banques prennent leur temps, ont les moyens de se positionner et acceptent même de ne pas être rentables en attendant ». « Les fintech bénéficient même des données bancaires qu’on doit partager » et de rajouter : « les mutualistes n’ont pas les mêmes contraintes ». A tout cela, dans le contexte covidé 2020, s’ajoute l’évolution consumériste qui pousse tout le monde à penser que les banques doivent (ou peuvent) être gratuites (au-delà des populations fragiles). « Le prix est l’élément qui fait de plus en plus changer de banque, devant la qualité de service attendue». Avec Boursorama qui propose 130 euros de parrainage et 130 euros pour le nouveau client, il est évident que la SG aura contribué aussi fortement à cette évolution !
Au-delà de l’évolution accélérée du contexte, il a défendu le bilan en mettant en avant les 2 milliards d’investissements informatiques pour faire face aux enjeux réglementaires.
Des éléments de réflexion :
Les perspectives d’une crise sanitaire sur 2 ans et une politique des taux qui ne va pas changer de sitôt, imposeraient pour la DG de « ne pas rester chacun dans son couloir » et de « prendre le bon virage » pour « ne pas sortir de la route ». Bref, derrière les éléments de langage, la situation est grave mais pas désespérée. Et en résumé pour Sébastien Proto en unissant nos forces, nous avons de vrais atouts pour faire face à ces accélérations (qui sont déjà bien avancées en Espagne par exemple).
Pour lui, « ce qui doit nous guider, c’est l’anticipation ». « En maintenant nos enseignes dans ce contexte, on dilue nos forces et nos investissements. »
Des éléments de contestation :
Difficile bien sûr de contester le contexte … encore que, car la question récurrente du versement de quelques milliards de dividendes dans un tel contexte reste déterminante (et non tranchée pour l’instant). La CGT est revenue sur la temporalité d’un tel projet. Annoncer en pleine crise sanitaire mais aussi après de grosses vagues de « réorganisations » (avec comme objectif la réduction de coûts), est anxiogène et peu crédible. Pour Sébastien Proto,«Je suis en profond désaccord avec l’idée que nous n’avons pas de vision et que ce projet n’aurait pour seul but qu’une réduction de coûts. Nous avons travaillé sur la satisfaction client en groupe de travail. Et c’est dans ce sens que les 500 personnes qui ont participé ont regardé les points forts de chaque enseigne, pour les mettre au service de tous.»
La CGT a partagé sa crainte de voir les enseignes fusionnées alors que la diversité des organisations (proximité Vs organisation en filière, réactivité commerciale, etc) et des attentes clientèles sont un relai de croissance pour la SG et le CDN. La clientèle du CDN semble attachée au service de proximité, quitte à le payer un peu plus cher et les enquêtes de satisfaction sont tellement bonnes, qu’elles ne pourraient que baisser dans le cadre d’une fusion avec une banque plus digitalisée. Nos principaux concurrents ont déjà connu des revers sur ce terrain (par exemple, la BNP en Bretagne après avoir absorbé une banque régionale a vu une partie de sa clientèle partir chez les mutualistes). Là encore, pour Sébastien Proto, « la fusion est un outil et n’est pas un objectif ». «Il y a besoin de donner les signaux nécessaires qui démontrent qu’on n’est pas dans cette logique ». « Doit-on le prouver ? oui… Peut-on le faire ? oui… mais ça nécessite d’en parler. ». « Nous sommes prêts à modifier nos process pour tenir compte des forces spécifiques aux 2 entités. Nous ne sommes pas sur une absorption mais sur un travail commun» (pour répondre à l’exemple de perte de clientèle en Bretagne NDLR).«La régionalisation est plus un élément pour les Pro, que pour les particuliers. Et ça dépend des régions ».
Au fil de la discussion, nous avons perçu que les annonces du 7 décembre prochain feront partie d’un long processus (au moins 18 à 24 mois) sans «big bang». Il y a d’ores et déjà des scénarios exclus (notamment ceux inhabituellement démentis avec force dans la presse) et ceux qui pourront faire l’objet d’une présentation.
Des éléments de proposition :
Si "rien, ni aucune décision n’est arrêté" (ce que la direction nous présente), il reste d’autant plus important d’y associer les salariés concernés et leurs représentants. Les opérationnels, tout comme les syndicats ont été mis de côté pendant la durée de l’étude. Et nous avons prévenu qu’il était hors de question - pour la CGT - d'accepter que la direction vienne nous présenter (ainsi qu’aux salariés des 2 Groupes) l’addition en terme social des décisions prises sans concertation. Charge aux syndicats des différentes enseignes de se mettre en plus d’accord pour trouver des solutions pour éviter un bain de sang social. Ce ne serait pas satisfaisant, cela générerait automatiquement un conflit et une difficulté supplémentaire.
Nous avons demandé à avoir accès aux travaux des différents groupes qui ont été réunis pour cette étude. (Puisque la direction met en avant les nombreux groupes, les 500 personnes qui ont participé, etc.). Nous avons expliqué à Sébastien Proto que nous étions bien placés pour savoir que l’utilité d’une discussion ne dépend pas du nombre de réunions et encore moins du nombre de participants. Si les autres syndicats ont demandé à avancer rapidement sur le « volet social », pour la CGT, cette question est bien trop prématurée. Car sI, pour la direction, il semble qu’il n’y ait pas d’objection majeure pour poursuivre le projet, nous, nous en voyons quand même quelques-unes, qui seront – ou pas – levées lors de la présentation des résultats de l’étude le 7 décembre prochain.