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REFORME DES RETRAITES : HALTE A LA DEMAGOGIE !
(Comprendre, selon la CFDT, que c’est de la démagogie d’être contre la réforme Macron)
POUR MIEUX COMPRENDRE LES ENJEUX DE LA RÉFORME DES RETRAITES ET POUR CLARIFIER LE DÉBAT, LA CGT DÉMÊLE LE « VRAI DU FAUX » DU 4 PAGES CFDT.
Au-delà des inquiétudes liées aux diverses réorganisations qui touchent l'ensemble de nos secteurs d'activités, l'actualité nationale apporte son lot d'incertitudes. Laurent BERGER passe de plateau télévision en plateau télévision pour soutenir l'actuelle réforme des retraites (comme ses prédécesseurs défendaient les précédentes ... parfois malgré ses propres militants).
L'ensemble des salariés de la SG ont reçu par mail un supplément Hebdo "spécial réforme des retraites" censé déméler le "vrai du faux". Nous avons lu et nous vous livrons nos arguments dans le cadre du "grand débat" qui va s'ouvrir...
« UN SYSTÈME PAR POINTS, C’EST LA FIN DE LA RÉPARTITION ET DE LA SOLIDARITÉ »
FAUX, BEN SI, VRAI !
La CFDT écrit : Dans un système à points comme dans un système en annuités, le principe c’est la retraite par répartition: les cotisations versées par les actifs sont immédiatement utilisées pour payer les pensions des retraités. Mais, ce qu’elle ne dit pas, c’est qu’il ne peut y avoir de régime par capitalisation autre qu’un régime par points. Il n’est évidemment pas possible de passer immédiatement de la répartition à la capitalisation, ce n’est pas ce que la CGT dit… il est par contre indispensable de passer par l’étape de remplacement des pensions vieillesse de la Sécurité Sociale par annuités à un régime par points pour le faire sur le moyen terme. Sur les mérites comparés de la répartition et de la capitalisation, il n’est que de se reporter aux enseignements du transfert de l’IP Valmy à l’assurance privée qui aboutit au doublement des frais de gestion prélevés par l’assureur sur le régime.
La CFDT écrit aussi : le système des points a été choisi par l’ensemble des partenaires sociaux pour construire, par exemple, les régimes de retraite complémentaire des salariés du privé (Agirc-Arrco). Mais ce qu’elle n’écrit pas, c’est que ce système a permis depuis la réforme Balladur de 1993 de faire « décrocher » le pouvoir d’achat des complémentaires (lire dans les pensions vont baisser infra).
« LE FUTUR SYSTÈME DE RETRAITES SERA UNIVERSEL »
VRAI, BEN NON, FAUX!
La CFDT écrit : La réforme devrait concerner tous les actifs à partir de la génération 1963 : salariés du privé, fonctionnaires, régimes spéciaux, professions libérales, parlementaires. Elle « oublie » de préciser que certaines catégories conserveraient leurs régimes spéciaux, tels les militaires et la police, mais surtout elle ne dit rien de qui pilotera ce régime universel. Rappelons qu’un système par points n’est nullement indispensable à l’universalité, le régime vieillesse par annuités devait l’être et ce sont des professions entières, dont la nôtre (et les commerçants, les artisans, les agriculteurs, etc), qui ont refusé d’y être intégrées. Dans le système actuel, les salariés du privé dépendent de 2 régimes, Sécu et ARRCO/AGIRC, piloté par des instances dans lesquelles sont représentés les « partenaires sociaux ». La chose n’est pas anodine, car il existe, de par la loi, des obligations de constituer des réserves, plusieurs milliards pour les complémentaires, et aussi une péréquation pour les caisses déficitaires, péréquation dont bénéficient en premier lieu les agriculteurs puis les artisans et commerçants, dont les faibles taux de cotisations sont pour partie en cause… Silence radio sur comment « harmoniser » les cotisations (du simple au double quand même) pour « harmoniser » les droits (le fameux 1€ cotisé).
« LA RÉFORME DES RETRAITES VA PÉNALISER LES FEMMES »
FAUX, BEN SI, VRAI !
La CFDT écrit : La réforme en cours bénéficie aux femmes de deux façons: le système à points profite aux travailleurs qui ont le moins de promotions, donc aux femmes. Archi faux, le système par points ne « profite » pas à ceux qui ont le moins de promotion, pas plus qu’à ceux qui ont des « trous » dans leur carrière, puisque le nombre de points cotisés attribués dans chaque année travaillée correspond exactement au salaire perçu (cf infra les droits et les pensions vont baisser).
« DANS UN SYSTÈME À POINTS, LES DROITS ET LES PENSIONS VONT BAISSER »
FAUX, BEN SI, VRAI !
La CFDT écrit : Les salariés du privé ont depuis 70 ans un régime en points confié à l’Agirc-Arrco et géré par les partenaires sociaux. Non seulement ce régime n’a pas fait baisser les pensions, mais il a permis de relever le niveau de vie des retraités.
Sauf qu’elle n’écrit pas que depuis 25 ans (réforme Balladur), les pensions baissent en valeur de pouvoir d’achat, ainsi que les droits des actifs en cours d’acquisition !
Prenons d’abord la pension vieillesse de la SS. Différence fondamentale avec les complémentaires, chaque année, le salarié acquiert des trimestres, maximum 4, et la SS affecte un salaire à l’année cotisée. Pour calculer ensuite le montant de la pension, la SS revalorise le salaire à la date de départ, prend en compte les 25 meilleurs salaires annuels considérés. La réforme Balladur, puis la réforme Fillon, ont « déconnecté » les pensions vieillesse de l’évolution générale du salaire moyen et augmenté le nombre des meilleures années de 10 à 25. Résultat, le pouvoir d’achat des retraités a baissé, et les droits à pension des actifs ont baissé aussi…
Quant aux complémentaires, c’est encore plus facile ! Il suffit de jouer sur la valeur du point de retraite cotisé, et sur celle du point de retraite servi, en augmentant la valeur de l’un, ce qui fait qu’avec un salaire égal, l’année suivante le salarié acquiert moins de points, et en augmentant sous l’inflation la valeur de l’autre, ce qui entraîne une baisse de pouvoir d’achat pour les retraités…
Il faut également souligner qu’avec le système par points des complémentaires, il n’y a pas de revalorisation du nombre de points acquis l’année X, et que la valeur des points cotisés n’est pas celle des points de retraites perçus, ce qui préfigure le régime à cotisations définies souhaité par le gouvernement. Dans un tel système, le salarié ne sait pas quel sera le montant de sa retraite à son départ.
« IL FAUDRA TRAVAILLER PLUS LONGTEMPS »
FAUX, BEN SI, VRAI!
La CFDT reprend l’antienne du patronat du « déséquilibre démographique », dont il faut bien reconnaitre qu’elle a un certain impact idéologique. Cependant, si l’augmentation de l’espérance de vie est incontestable, et c’est heureux, la question est loin d’être aussi simpliste… on pourrait ainsi tenir un raisonnement similaire pour la santé, faudrait-il pour autant instaurer un âge limite pour bénéficier de la couverture santé (on pense au film « Soleil vert ») ? En réalité, tout dépend de ce que la société entend consacrer à la couverture sociale, à la santé, aux retraités… et cela s’exprime dans un trivial pourcentage du PIB que le gouvernement veut plafonner à 14%. C’est ce plafond de 14% qui entraînera ipso-facto, une baisse des pensions, une augmentation de l’âge de départ en retraite, et une baisse des droits acquis. N’est-il pas légitime de se demander si d’autres parts prélevées sur le PIB ne pourraient être réduites pour augmenter celle consacrée à la protection sociale ? Telles l’armement, la rémunération des actionnaires et les grandes fortunes…
« LES PENSIONS DES RETRAITÉS ACTUELS VONT BAISSER »
FAUX, BEN SI, VRAI !
La CFDT écrit : La réforme ne concerne pas les retraités actuels, ni les générations qui sont à cinq ans de la retraite. Qui serait assez naïf pour croire qu’à la mise en place du nouveau système « universel », la SS et l’ARRCO/AGIRC continueraient à gérer en parallèle l’ancien système ! D’ailleurs, en pouvoir d’achat, les pensions des retraités actuels ont déjà commencé à baisser ! C’est le C.O.R. qui note dès 2017 que le pouvoir d’achat est en chute libre ! Ce n’est pas très honnête de jouer sur les mots mais il semble que ce soit devenu un art partagé chez les partisans de la réforme, tout autant que de traiter de démagogues ceux qui les contestent.
« LES CADRES SONT LES PERDANTS DE LA RÉFORME »
VRAI et FAUX, BEN NON, VRAI!
Les cadres seront les grands perdants, puisque l’abandon de la règle des 25 meilleures années leur est défavorable, pas besoin d’un long développement pour le comprendre.