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L’OCDE appelle les gouvernements à faire plus attention aux conséquences de leurs politiques. Et à soutenir les parties de la population qui pourraient être confrontés à de nouvelles taxes.

Alors que des mouvements sociaux inspirés des gilets jaunes ont tendance à essaimer, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a publié des propositions pour mieux calibrer les politiques sociales et la fiscalité.

« Nous devons réellement faire attention à avoir une vision globale », estime  Laurence Boone, économiste en chef à l’OCDE et ex conseillère de François Hollande, qui répondait à des questions sur l’introduction de la taxe sur les carburants en France qui a entrainé la révolte des gilets jaunes.

Il est également « super important » d’identifier les groupes qui doivent être compensés lors de la mise en place de nouvelles taxes, a-t-elle ajouté, lors de la présentation à Bruxelles d’un nouveau rapport sur la fiscalité.

Suite à la grogne populaire, le président français, Emmanuel Macron, a été obligé de hausser les revenus minimaux.

Pour que les politiques réussissent, il faut comprendre comment les dépenses publiques et la fiscalité affectent la population, souligne Laurence Boone.

Un « paquet cohérent » sur les finances publiques, comprenant des réformes fiscales, devrait porter sur la manière dont les règles affectent non seulement la croissance, mais aussi la redistribution des richesses, a-t-elle souligné.

Avant de prendre des décisions, il faut donc « déterminer qui gagnerait et qui perdrait, et comment rendre ces pertes acceptables », a-t-elle ajouté.

Insatisfaction

L’économiste a admis que l’OCDE a commencé à se pencher sur cette question à cause de l’insatisfaction de la population. Au terme de ses recherches, l’organisation a conclu qu’il n’existait aucun lien entre le volume des dépenses publiques et l’efficacité perçue des politiques publiques.

Les spécialistes ont en outre noté que la redistribution des richesses de la population en âge de travailler par les politiques publiques avait diminué depuis le milieu des années 1990.

Niels Christoffer Thygesen, président du Conseil fiscal européen, estime que le problème est surtout l’efficacité des politiques économiques. « Il ne suffit pas de dire que tout le monde est un peu mieux loti », a-t-il déclaré, soulignant que la question de l’égalité devrait jouer un rôle plus important au niveau européen.

Taxe sur les carburants

Une taxe sur les carburants correctement appliquée pourrait non seulement contribuer à atténuer le changement climatique, mais aussi favoriser une meilleure redistribution et des sociétés plus inclusives.

Après avoir effectué diverses simulations, l’OCDE a observé des « effets positifs substantiels » en déplaçant la charge fiscale du travail faiblement rémunéré vers les taxes environnementales.

« Cette adaptation de la fiscalité pourrait produire des revenus disponibles plus élevés pour tous […] et montre les effets positifs de la réduction du coin fiscal du travail auquel sont confrontés les travailleurs à faible revenu sur la production par habitant. Les modestes effets négatifs sur le revenu disponible que crée l’augmentation des taxes environnementales sont complètement éclipsés par les bénéfices de plus d’égalité dans les revenus », assurent les auteurs de l’étude.

Par conséquent, les nouvelles taxes environnementales, comme celles introduites par le gouvernement français, devraient être assorties de compensations adéquates. Ce qui n’est évidemment pas le cas en France, où Emmanuel Macron  est critiqué pour avoir réduit la charge fiscale des riches.

 

Subventions

L’OCDE propose également de réduire les subventions à des secteurs spécifiques, comme l’agriculture ou l’extraction du charbon, afin de réduire plutôt les impôts sur les revenus inférieurs à la moyenne.

Les résultats des modélisations montrent des gains de production par habitant et des effets qui « devraient être positifs dans l’ensemble de la distribution, et particulièrement pour les personnes à faible revenu ».

L’organisation a estimé qu’en réaffectant des subventions à hauteur de 0,5 % du PIB à une réduction de même ampleur du coin fiscal sur le travail des citoyens à faibles revenus engendrerait une augmentation du pouvoir d’achat d’environ 15 % pour les 10 % de la population les plus pauvres dans les pays de l’OCDE.

La réduction des subventions, en particulier celles destinées aux agriculteurs, sera un élément important lors des discussions sur le cadre financier pluriannuel, le budget à long terme de l’UE. La politique agricole commune est actuellement l’un des plus gros coûts de l’UE.

 

 

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