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C’EST POUR NOTRE BIEN

La méthode est désormais bien rodée. Préparation des esprits probatoire avec l’ouverture d’une campagne de 4 mois sur le thème « le Code du travail est trop compliqué et illisible », variante de celle du pouvoir précédent « le Code du travail a trop de pages ». Nomination d’une débutante au poste de ministre du travail pour garder la maîtrise, activer son relais syndical CFDT, faire mijoter en consacrant quelques semaines au « dialogue social », les syndicats seront reçus par la ministre, puis on passera aux décisions, avec recours au 49-3 si ça flotte un peu trop chez ceux dont l’avenir personnel dépend d’électeurs incontrôlables. Ainsi fonctionne cette nouvelle théocratie politique, dont le langage est l’art de dire en faisant le contraire de son propos, toute aux ordres du véritable pouvoir, le pouvoir économique. Car qu’y a-t-il dans les prémices de cette profession de foi de Manuel Valls : plus de souplesse, mais pas moins de protection ? Des recettes et des exigences patronales récurrentes et pas encore satisfaites dans la précédente et récente réécriture du Code du Travail telle la fin de la hiérarchie des normes. C’est la clé de voûte du détricotage par le bas des droits et garanties pour les salariés du secteur privé. Pour l’heure, impossible de signer un accord d’entreprise ou une convention collective qui soient moins favorables que la loi. Ainsi, lorsque nous avons négocié les PSE de la SG, nous avons pu nous appuyer sur ce principe pour couper court aux tentations d’accompagner les reclassements de baisse du salaire. Ce ne serait plus le cas, il suffirait d’un accord d’entreprise, et l’on connaît les moyens de pression du patronat pour obtenir ce qu’il veut, et un tel accord autoriserait à déroger aux garanties minimales de la loi ou de la convention dans des domaines aussi larges que l’emploi, le temps et les conditions de travail et enfin les salaires. Un autre grand principe de droit serait mis au rancart : l’accord collectif en matière d’emploi se substituerait au contrat individuel, entraînant ainsi des indemnités de licenciement simple réduites au lieu d’indemnités de licenciement économique en cas de refus du salarié… précisément ce que la SG a tenté de nous faire cautionner dans l’accord relatif au transfert des postes à Val de Fontenay ! Il faut dire que c’est un orfèvre qui a préparé le terrain pour le gouvernement, ce qui en dit long sur la volonté de ce dernier. Jean Denis Combrexelle fut pendant 12 ans un Directeur Général au Ministère du Travail dont la carrière fut émaillée de décisions favorables au patronat, mais désavouées par la justice régulièrement. Tellement efficace qu’il officiera sous 8 ministres de droite et de gauche. Il appartient à cette clique de hauts fonctionnaires qui n’a jamais travaillé dans une entreprise du secteur privé, bien qu’il vienne peut-être y pantoufler un jour, et qui sait mieux que nous ce qui est pour notre bien. Ses coreligionnaires qui ont choisi la carrière politique constituent avec lui cette théocratie qui nous gouverne et veulent en finir avec un droit du travail construit sur « le principe de faveur », c'est-à-dire un ensemble de droits favorables au salarié, imposé à l’employeur. La mondialisation a permis aux multinationales de s’en affranchir en délocalisant leur activité, il s’agit désormais de permettre de s’en libérer sur place. Ce n’est pas le XXIe siècle que Manuel Valls construit, c’est un retour à l’ordre du XIXe !

 

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