LECONS DE CHOSE
Il était un peu à la bourre, Frédéric Oudéa pour la rencontre avec les responsables syndicaux. Non par mépris, mais simplement, parce qu’il était retenu par un gros client. L’entretien d’une heure et demie s’est déroulé dixit Frédéric Oudéa «après un trimestre un peu plus important que les autres». Passée la référence à l’annonce des résultats, à l’Investor Day et à l’A.G., le PDG nous a donc livré sa vision de l’environnement. Il est assez satisfait d’avoir communiqué sa stratégie après celle de la Barclays, dont « la présentation avait du sens, … avec des mots assez proches des nôtres». Nous, on remarque surtout que Barclays entend rayer 14.000 emplois en 2014 et vient de se prendre une amende de 32 millions d’euros … Au-delà de la stratégie financière, les débats se sont poursuivis sur l’annonce faite à l’A.G., d’une augmentation du capital réservée aux salariés tous les 3 ans, les actionnaires n’acceptent pas la décote … sauf en cas de nécessité de refinancement. Nous avons donc insisté sur la nécessité de renforcer le pacte social à la SG. Après quelques années de vaches maigres en terme d’évolution du salaire de base (3 ans sans augmentation collective), l’annonce d’une plus grande discrimination sur le variable, les derniers chiffres de l’intéressement font monter le ton et la gronde. Les clignotants passent les uns après les autres au rouge et il va bien falloir entendre le message au 35ème. Emporté par l’élan, F. Oudéa nous a lâché : « en réalité, les salaires augmentent très vite, trop vite », reprenant ainsi les sorties récentes du patron des patrons. La direction, au final, a mis en avant les négociations sur l’intéressement qui devraient permettre d’augmenter, disons plutôt rétablir, les montants attribués. Par ailleurs, nous avons rappelé que depuis notre dernière rencontre le 25 février, aucune discussion n’avait eu lieu sur le variable, les modes et critères de distribution, pas plus que sur les évaluations. Des dates sont donc maintenant fixées pour aborder ces sujets (12 juin, 24 juin et 1er juillet). Pour finir, nous lui avons demandé de commencer à travailler sur l’implantation des équipes censées rejoindre l’immeuble Campus, de la Défense sur Val de Fontenay. En prenant le temps de récolter les souhaits des salariés, nous devrions arriver à gérer le transfert dans la concertation, et sans douleur pour le personnel concerné. « Ok, bonne idée » a-t-il conclu, avant de nous fixer rendez vous à la rentrée.
LA FRACTURE
Le plus remarquable dans les commentaires qui ont suivi le résultat des élections européennes est certainement qu’aucun, ou presque, n’ait remarqué la fracture qui s’est creusée entre le peuple et ses élites. Au-delà du vote FN et de l’abstention des électeurs de gauche qui marquent ce scrutin. Evidemment, ce vote traduit le mécontentement général à l’encontre d’une politique qui fait payer la crise aux classes populaires et moyennes. Mais il faut y voir aussi le rejet de cette volonté de nos élites, politiques, patronat, journalistes, experts en tout, d’imposer leur modèle de société. Ceux-là ne se posent pas la question du bien fondé de leurs choix, ce n’est pour eux qu’un problème de communication … comme si nous étions un peu frustres et n’avions que besoin d’être éduqués aux principes de la concurrence libre et non faussée, de la mondialisation et du remboursement de la dette. Frédéric Oudéa et la direction générale sont prodigues de ces conseils, un brin condescendant pour ceux qui ne comprennent pas : ça fait mal, mais c’est pour notre bien … plus tard, un jour peut-être. L’inspection des finances a succédé à la noblesse, y aura-t-il un nouveau 1788 ?
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