Gardez-moi de mes amis
A la SG, la garde sarkozyste de 2007 elle-même avait pourtant tenté de bien faire les choses en se constituant en groupe de pression auprès des parlementaires pour que la loi sur le temps de travail ne passe pas. Peine perdue, Xavier Bertrand a fièrement exhibé le trophée en claironnant « nous sortons enfin des 35 heures ». Ce qui ne passe pas tout seul, en particulier au sein de l’encadrement.
Bien sûr, bien sûr, le Directeur Général a eu des réponses apaisantes pour ce qui concerne la SG, il n’empêche. Avec cette loi, si l’accord SG n’en prend que plus de valeur protectrice, l’avenir n’est pas garanti si on s’avisait de baisser la garde. Il suffirait qu’une banque déclenche les hostilités pour qu’il vienne à l’idée des autres de se réclamer de la compétitivité.
Autant dire que nous ne sommes pas tous seuls à avoir fait ce petit raisonnement. D’autant plus qu’être protégé à la SG, c’est peut-être rassurant pour soi, mais la mesure choque pour tous les autres qui ne bénéficient pas de la même garantie d’un accord d’entreprise. Et parmi ceux-ci des tas de gens proches, ou tout simplement avec lesquels ont se sent en empathie.
Le ministre du travail a beau dire que les cadres seront plus protégés qu’avant, on se demande alors pourquoi tout un chacun a vu dans le vote de la loi une insulte au bon sens et au modèle social. Lequel ne se débrouille pourtant pas trop mal du point de vue attractivité.
Aberrante du point de vue social, la mesure risque aussi de l’être du point de vue économique, tout simplement parce que la productivité de salariés au bout du rouleau risque de ne pas valoir grand chose.
Travailler toute l’année, sans jours fériés, juste les week-ends et 5 semaines de congés payés, c’est ce qui est désormais promis à bon nombre. Un recul social de plusieurs dizaines d’années, annoncé dès l’élection présidentielle et celle de la majorité parlementaire.
Ce que Rémi Barroux, chroniqueur au Monde croit plaisant de commenter par « le modèle social s’assouplit mais ne rompt pas ». Nous voilà ébahis de la puissance de l’analyse « fabluleuse », elle ira droit au cœur de beaucoup, sensibles aux références littéraires.
Halte aux consultants rouges
On ne peut plus avoir confiance en personne. En plein discours officiel sur la nécessité de travailler plus pour être compétitifs, plus attractifs, plus productifs et tout et tout, voilà que KPMG, à qui on n’avait rien demandé, sort un palmarès sur les « Choix concurrentiels 2008 » de localisation des entreprises en comparant 9 pays plus qu’industrialisés (USA, GB, All, Jap, Aust …). 1er en Europe, 4ème au monde, destination préférée des entreprises du bassin méditerranéen ? La France aux insupportables coûts sociaux. C’est quand même un monde ça, manquerait plus que certains s’avisent d’y voir que les coûts de la main d’œuvre y sont pourtant les plus bas d’Europe pour en tirer des conclusions revendicatives ! Des partageux, on vous dit !
Parole d’expert
Jacques Ripoll, directeur de la stratégie du groupe, parlant de son passage à l’inspection, considère que finalement « c’est parfois frustrant d’esquisser les solutions sans les mettre en œuvre » (Sogéchos Juillet 2008). On ne le lui fait pas dire et c’est bien le problème (quoiqu’il n’y ait pas que celui-là, on ne prête qu’aux riches) de cette institution : régir les choses en-dehors de la réalité concrète du travail. Tous ceux qui auront eu à subir une mission d’inspection et ses conséquences sur l’emploi (si, si, ça existe, on en connaît) apprécieront la prise de recul. On se prendra à rêver que la vénérable institution n’ait pas été plus clairvoyante sur quelques sujets d’actualité récente. En attendant, elle a toutes chances d’être mise à contribution pour le Plan d’Efficacité Opérationnelle, ce qui promet à ses représentants bien des frustrations supplémentaires ? Pôvres !
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