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GEOMETRIE VARIABLE

La revue « Banque » de septembre publie un dossier sur les rémunérations dans la banque dont une bonne part est constituée d’une interview de Bernard de Talancé et Bruno Gerin-Roze. Le lecteur à la recherche d’informations n’apprendra pas grand-chose dans ce panégyrique de la politique maison habituel de la prose DRH. Point de contradiction, ni de questions dérangeantes du journaliste, ce n’est pas le genre de la revue. C’est ainsi que notre DRH peut y vanter l’ancrage dans les « habitudes du groupe » des systèmes de rémunération variable… lequel système emporterait l’adhésion. « Selon une enquête que nous avons réalisée en France, 2/3 des salariés, toutes activités confondues, sont favorables » déclare notre DRH à l’appui de son propos. Pour s’en tenir à ce chiffre, on notera que pour un DRH, il reste un tiers de salariés de l’entreprise qui n’est pas favorable, ce n’est pas rien, dans les 15000 personnes… on est pas dans le domaine d’un groupe marginal ! Mais notre DRH ne donne pas non plus de détail sur le sondage : quelles questions ont été posées, comment ont-elles été formulées, combien de personnes interrogées ? On peut imaginer que si on doit choisir entre percevoir une rémunération variable supplémentaire ou pas, la réponse coule de source… on ne sait non plus quelles questions n’ont pas été posées : considérez-vous que ce système de rémunération est juste ? Est-il fondé sur des critères objectifs ? Croyez-vous qu’il s’agit d’un système à la tête du client ? Bernard de Talancé fait l’impasse, y compris sur le problème récurrent de la distorsion entre les « bonus » et la part variable distribuée à l’extérieur de SGCIB, présentée comme résultant d’une simple distinction entre métiers … et nous en parlons pas ici des gros bonus souvent mis en exergue, mais du système lui-même, qui fait que sur un même étage d’une Tour de la Défense, la moyenne des parts variables varie dans des proportions considérables, selon que le bureau est SGCIB ou pas. De manière implicite, le DRH l’a bien admis en faisant une proposition d’accord salarial radicalement différente en 2004… mais nous sommes encore loin du compte, et la demande de la CGT d’ouvrir une négociation pour donner quelques bases objectives au système est restée lettre morte malgré qu’elle ait été formellement acceptée.

JOUR DE GLOIRE

Ce vendredi 3 septembre se tenait la réception des lauréats du cursus cadres à l’amphithéâtre des Tours de la Défense. La cérémonie traditionnelle aura vu défiler quelques huiles venues saluer la troupe pour ses brillants résultats et surtout l’inviter à satisfaire tous les espoirs qui reposent sur elle. Il s’agit bien entendu des espoirs de la direction qui attend le retour sur investissement. La plupart des participants ne reverront jamais les huiles en question qui auront d’ailleurs oublié leur nom. Les jours suivants sont ceux du début dans la carrière et la plongée directe dans le retour sur investissement que l’on attend d’eux. Hasard du calendrier, se tenait dans un étage proche au même moment un entretien préalable au licenciement d’un cadre pour cause de résultats insuffisants et d’objectifs non atteints. Heureusement pour les lauréats 2004, le risque de connaître un tel sort est faible - et de ce point de vue, la présence syndicale n’y est pas pour rien – mais eux-aussi vont entrer dans ce qui est devenue « la culture du résultat». Elle a succédé à la « culture du travail bien fait », une antiquité dont le nom réel était : conscience professionnelle.