MR TAILLEFINE
L’affaire est grave pour le syndicalisme. Indépendamment de son origine professionnelle, salarié du secteur public ou du privé comme nous… Indépendamment aussi de l’appréciation que l’on porte sur le devenir des retraites… force est de constater que l’ampleur de la journée d’action et des manifestations du 13 mai a donné des moyens de négocier dans d’autres conditions… et que ce rapport des forces nouveau permettait de ne pas se précipiter. Au lieu de cela, François Chérèque a accepté de signer, sans même consulter sa propre organisation, une capitulation devant les principales exigences du gouvernement. C’est presque pour le denier de Judas d’ailleurs, vu la minceur des concessions obtenues : de 75 à 85% du SMIC ? Certes, mais aujourd’hui c’est 81% pour 37,5 et ce serait 85% pour 42 ans ; départ pour ceux qui ont travaillé jeune ? Certes, mais avec 42 ans de cotisations, et donc à 58 ans … et au prix d’une augmentation des cotisations de 0,2% ! Hasard malheureux, 0,2% était justement la proposition d’augmentation de la C.S.G que faisait la CFDT et qui devait constituer la contribution des revenus du patrimoine à l’effort général. Cette bien modeste proposition a été malgré tout abandonnée par François Chérèque qui va entrer dans l’histoire comme Monsieur Taillefine 0% ! Ne parlons pas de sa satisfaction d’avoir obtenu la réduction de la décote de 10% à 5% par année manquante, il s’agissait de 10% sur une retraite à taux plein à 37,5 années de cotisations, il s’agira de 5% pour 42 ans de cotisations. Pas de quoi pavoiser donc pour les signataires qui ont retourné leur veste en 24 heures et trahi tous ceux qui ont défilé la veille.
Alors depuis, on a entendu se déchaîner les porte-voix à l’encontre des privilégiés du secteur public, des preneurs d’otages protégés par leurs régimes spéciaux et même pas concernés… on est à la limite de la sédition et du complot ourdi par les gauchistes ! Ce déchaînement ne changera rien au fond : François Chérèque a signé sans consulter, en jetant la plateforme commune aux orties… en pratiquant ainsi, il porte un coup très grave au syndicalisme tout entier ; le gouvernement a obtenu un accord qui cautionne une réforme qui repose exclusivement sur l’allongement de la durée du travail et la baisse du niveau des pensions sans que les revenus financiers soient mis à contribution ; le MEDEF est en embuscade car la réforme ne porte que sur la pension versée par la C.N.A.V. (la sécu) et attend pour appliquer les mêmes principes aux retraites complémentaires (dont le sort entre 60 et 65 ans est toujours en suspens). Il reste que parfois, et ce fut le cas en 1995, la cause est moins entendue qu’on pourrait croire au premier coup d’œil. La CFTC a rejoint l’appel de la manifestation nationale du 25 mai lancée par la CGT, FO, l’UNSA et la FSU et il ne serait pas surprenant qu’un bon nombre d’organisations de la CFDT s’y joignent aussi. C’est le cas de la Fédération des banques qui sera présente le 25. Pour sa part, la CGT de la Société Générale appelle le plus grand nombre d’entre-nous à y participer, car il s’agit bien d’y défendre nos propres intérêts : songeons que certains disent déjà que cela ne sera pas suffisant et que le gouvernement prévoit des ajustements possible tous les 3 ans.
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